Paris octobre 1962 Jeune fonctionnaire prometteur, Paul Manacoeur dĂ©bute sa carriĂšre Ă  Matignon, en tant que "plume" du Premier ministre. Au cƓur du pouvoir, il y frĂ©quente les grandes figures de la RĂ©publique, de Georges Pompidou au jeune Jacques Chirac. Il y fait bientĂŽt une autre rencontre, Ă  laquelle rien ne l'a prĂ©parĂ©. Undocumentaire inĂ©dit, signĂ© Pierre Hurel, raconte ce mercredi 21 septembre Ă  20h35 sur France 3 les quatre annĂ©es et demie du couple Pompidou Ă  l’ÉlysĂ©e, depuis la Cecomplot sordide va sceller le destin de Georges Pompidou qui contre-attaque et brigue l'ElysĂ©e. De la calomnie initiale jusqu'Ă  la mort du prĂ©sident, LeCentre national d'art et de culture Georges-Pompidou, plus communĂ©ment appelĂ© Centre Georges-Pompidou, Centre Pompidou ou Centre Beaubourg, est un Ă©tablissement poly-culturel (musĂ©es, expositions, bibliothĂšque, confĂ©rences, cinĂ©mas, ..) situĂ© dans le quartier Beaubourg, dans le 4e arrondissement de Paris, entre le quartier des Halles et le Marais. DaprĂšs le mĂ©decin Jean Bernard, Georges Pompidou Ă©tait atteint de la maladie de Waldenström depuis 1968 et le savait trĂšs probablement au moment de sa victoire Ă  l’élection prĂ©sidentielle. Selon lui, s’il avait renoncĂ© Ă  son mandat, la progression de cette maladie du sang n’aurait pas Ă©tĂ© aussi rapide. Selon la CIA, sa maladie aurait Ă©tĂ© diagnostiquĂ©e dĂšs l’étĂ© 1971 Plusgrave: son absence de vision de la France et de l'horizon oĂč la conduire. Chirac, une ambition sans boussole. Un brave gars devenu yPWiDB. par Patrick Kessel, cofondateur et prĂ©sident d’honneur du ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique, ancien Grand MaĂźtre du Grand Orient de France. 10 janvier 2022Patrick Kessel, Marianne toujours ! 50 ans d’engagement laĂŻque et rĂ©publicain, prĂ©face de GĂ©rard Delfau, Ă©d. L’Harmattan, 8 dĂ©c. 2021, 34 e. C’est en octobre 1988 qu’explose la premiĂšre affaire dite du voile. Telle une irruption volcanique, elle annonce des rĂ©pĂ©titions plus redoutables, la fragilisation de la laĂŻcitĂ©, la montĂ©e d’une fracturation sociale catastrophique, l’éclatement de l’universalisme citoyen en tribalismes communautaires. C’est le pavĂ© mosaĂŻque de la RĂ©publique et des LumiĂšres qui menace de voler en Ă©clats. Un principal de collĂšge Ă  Creil refuse l’entrĂ©e Ă  deux jeunes filles voilĂ©es. Il essaie de les convaincre qu’elles peuvent porter ce voile en venant Ă  l’école ainsi qu’en en partant, mais qu’à l’intĂ©rieur de l’établissement scolaire personne ne porte de signes religieux ostensibles. La polĂ©mique se dĂ©veloppe. Avec mes amis, nous attendons un soutien au principal de la part des associations laĂŻques et plus encore du gouvernement de gauche. Il ne vient pas. Au contraire, des voix s’élĂšvent pour dĂ©fendre le "droit Ă  la diffĂ©rence", en l’occurrence le droit de porter le voile Ă  l’école pour ces "pauvres jeunes filles" bientĂŽt considĂ©rĂ©es comme victimes d’un ostracisme xĂ©nophobe. Le principal est traitĂ© de raciste, ce qui n’est pas sans blesser l’homme, originaire des Antilles et aboutĂ© Ă  l’humanisme rĂ©publicain. Le ministre, saisi de l’affaire tergiverse, dĂ©cide de ne pas dĂ©cider et transmet le plat brĂ»lant au Conseil d’État !Probablement n’a -t-il pas compris sur le coup qu’il tenait lĂ  entre les mains une bombe Ă  retardement qui pulvĂ©riserait son destin et celui de la gauche. Lionel Jospin dira par la suite combien il regrette cette dĂ©cision qu’il voulait tempĂ©rĂ©e. Il expliquera l’appel au Conseil d’État, "non pas pour me dĂ©rober ou pour botter en touche, mais pour refroidir les passions, craignant que les interdits laĂŻques ne valent qu’à l’usage exclusif des arabo-musulmans et n’adoptent un contenu discriminatoire, voire raciste" [1]. La peur de passer pour raciste, la survivance d’une forme de culpabilitĂ© Ă  l’égard de tout ce qui a un lien avec le passĂ© colonial de la France paralysent les tĂȘtes les mieux faites de la Gauche. Ainsi la France va-t-elle perdre trente ans en s’empĂȘtrant dans le cancer du communautarisme dont les mĂ©tastases s’attaqueront aux principaux fondements de la RĂ©publique. Cinq intellectuels, Élisabeth Badinter, RĂ©gis Debray, Alain Finkielkrault, Élisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler dĂ©noncent Ă  la Une du Nouvel Observateur un "Munich des consciences" [2]. Les associations laĂŻques traditionnelles et les partis de gauche ne rĂ©agissent pas. Ils considĂšrent qu’il serait mal venu de critiquer les amis qui gouvernent le pays. Et que, s’agissant de deux petites filles musulmanes, s’en prendre Ă  elles reviendrait Ă  apporter de l’eau au moulin de l’extrĂȘme droite xĂ©nophobe. Leur silence vaut consentement. Comme si les atteintes Ă  la laĂŻcitĂ©, dĂšs lors qu’elles sont le fait de populations de culture ou de religion musulmanes, devaient ĂȘtre acceptĂ©es, tolĂ©rĂ©es, voire nĂ©gociĂ©es. La laĂŻcitĂ© dite "nouvelle" montre immĂ©diatement qu’elle aboutit Ă  renier le principe de sĂ©paration et ouvre la voie aux accommodements dits "raisonnables" et au communautarisme. Telle est d’ailleurs la vraie nature de cette rupture avec la culture laĂŻque, mĂȘme si tous ses promoteurs ne semblent pas conscients des dangers qu’ils font courir Ă  libertĂ© de conscience et Ă  l’égalitĂ© des droits entre toutes et tous. Il importe de rĂ©agir vite. Le 19 dĂ©cembre 1990, le ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique est constituĂ©. J’ai lancĂ© l’association avec des personnalitĂ©s d’origines et d’appartenances diverses qui ressentent la gravitĂ© du moment et avec une nouvelle gĂ©nĂ©ration de militants laĂŻques. Ce qui est en jeu, pressentent-ils, c’est la dĂ©composition des principes fondateurs de la RĂ©publique. Maurice Agulhon, titulaire de la chaire d’histoire au CollĂšge de France, historien internationalement reconnu de la RĂ©publique ; Louis Astre, ancien responsable Ă  la FEN ; Pierre BergĂ©, homme d’affaires ; Henri Caillavet, ancien ministre ; Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste ; Fanny Cottençon, comĂ©dienne ; RĂ©gis Debray, philosophe ; Manuel de DiĂ©guez, philosophe ; ClĂ©ment Durand, ancien secrĂ©taire national du syndicat des instituteurs, fondateur du ComitĂ© National d’action laĂŻque ; Alain Finkielkraut, philosophe ; Yves Galifret, ancien PrĂ©sident de l’Union rationaliste ; Max Gallo, journaliste, ancien ministre ; GisĂšle Halimi, avocate, fondatrice du mouvement fĂ©ministe Choisir et militante du droit Ă  l’IVG ; Eddy Khaldi, enseignant, syndicaliste et futur prĂ©sident des DDEN DĂ©lĂ©guĂ©s dĂ©partementaux Ă  l’Éducation Nationale ; Catherine Kintzler, philosophe ; Albert Memmi, Ă©crivain, essayiste ; Sami NaĂŻr, politologue ; Claude Nicolet, historien, spĂ©cialiste des institutions et des idĂ©es politiques ; Émile Papiernik, obstĂ©tricien ; Jean-Claude Pecker, astrophysicien ; Yvette Roudy, ancien ministre ; Claude Villers, journaliste ; Claude Vaillant, avocat,s’embarquent dans cette aventure passionnante. Claude Nicolet en est le premier PrĂ©sident et j’en assume le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral. Henri Caillavet lui succĂšdera, puis moi-mĂȘme, Jean-Marie Matisson, ancien Grand-MaĂźtre adjoint du Grand Orient, Philippe Foussier qui deviendra Grand-MaĂźtre en 2017 et auquel je succĂšderai pour un second mandat, Jean-Pierre Sakoun et Gilbert Abergel. On trouvera qu’il y a beaucoup de francs-maçons dans cette association. Ce n’est pas faux. Paul Gourdot, ancien Grand-MaĂźtre, a amenĂ© avec lui ses compagnons de route tels Pierre Aubert, de la gĂ©nĂ©ration pour qui la gauche et la laĂŻcitĂ© ne peuvent faire qu’un. En vue de sa crĂ©ation j’avais obtenu du Convent, le vote d’une motion de soutien et d’une petite subvention de dĂ©marrage comme le fit le Grand Orient, Ă  la fin du XIXĂšme siĂšcle, lors de la crĂ©ation de la Ligue de l’Enseignement et de la Ligue des Droits de l’homme. Pour autant la nouvelle association est totalement indĂ©pendante de l’obĂ©dience et ne saurait s’exprimer en son nom. Sa proximitĂ© tient aux idĂ©es communes que nous dĂ©fendons en matiĂšre de laĂŻcitĂ©, proximitĂ© plus ou moins forte en fonction des diffĂ©rents grands maĂźtres qui se succĂšdent rue Cadet. Nous n’imaginons pas alors que ce petit groupe au fonctionnement exclusivement militant, sans subventions publiques, dĂ©pourvu de secrĂ©tariat permanent, de local associatif, va devenir une association reconnue de dĂ©fense et de promotion de la laĂŻcitĂ© sans qualificatif, lanceuse d’alerte, interlocutrice des autoritĂ©s, apprĂ©ciĂ©e par les uns pour ses prises de position fermes, son refus de rĂ©pondre aux invectives, sa volontĂ© de dialogue, critiquĂ©e, voire honnie par d’autres, en particulier lorsque le communautarisme va infiltrer une partie de la gauche et que l’islamisme politique s’installera au cƓur du dĂ©bat. Le ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique lance un Grand prix national et un Grand prix international ainsi qu’un prix Science et laĂŻcitĂ©, dĂ©cernĂ©s par un jury de personnalitĂ©s indĂ©pendantes et destinĂ©s Ă  soutenir des femmes et des hommes engagĂ©s, souvent au pĂ©ril de leur vie, en faveur de la libertĂ© de conscience et de la laĂŻcitĂ©. Remis chaque annĂ©e dans le grand salon de l’HĂŽtel de Ville de Paris, en prĂ©sence de la Maire, Anne Hidalgo, et d’un petit millier de personnes, il rĂ©vĂšle au grand public des talents nouveaux. Mon ami Charb prĂ©side le jury en octobre 2012. "J’ai moins peur des extrĂ©mistes religieux que des laĂŻques qui se taisent", dit-t-il Ă  cette occasion, nĂ©anmoins conscient que ses jours sont comptĂ©s [3]. [4] Le ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique s’implique sur de nombreux fronts. La commĂ©moration du baptĂȘme de Clovis, dont Jean-Paul II, en visite Ă  Paris, veut faire l’acte de naissance de la Nation française, rassemble place de la RĂ©publique Ă  Paris 65 organisations, qui dĂ©noncent le financement public de ce voyage pastoral et rappellent que "Clovis n’est pas la France". Le ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique est en premiĂšre ligne avec les associations historiques. Ce sera la derniĂšre manifestation commune avant que la question du communautarisme ne divise profondĂ©ment le monde laĂŻque. Symbolique, cette bataille veut rĂ©affirmer que la Nation française n’a pas de religion et que la RĂ©publique est laĂŻque. Pierre BergĂ© dans "l’affaire Clovis" dĂ©nonce "le retour en force du clĂ©ricalisme" [5]. Dans Marianne, je t’aime, je dĂ©nonce les pompes auxquelles donne prĂ©texte le 1500e anniversaire de la conversion de Clovis, aux frais de l’État, ce qui participe d’une inacceptable remise en cause de la laĂŻcitĂ© [6]. Le ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique monte en ligne contre la ratification par la France de la Charte europĂ©enne des langues rĂ©gionales ou minoritaires qui revient ipso facto Ă  reconnaĂźtre des communautĂ©s rĂ©gionales comme Ă©quivalentes Ă  la communautĂ© nationale avec, demain, la reconnaissance de dĂ©rogations Ă  la loi commune. Il dĂ©nonce la tentative de substituer l’équitĂ© Ă  l’égalitĂ©. C’est lĂ  une autre attaque subreptice contre les LumiĂšres. Le principe d’égalitĂ© des droits et des devoirs entre tous les citoyens, quels qu’ils soient, d’oĂč qu’ils viennent, quelles que soient leurs apparences, leurs convictions, n’est pas nĂ©gociable. Nous organisons sur le sujet un colloque Ă  l’AssemblĂ©e Nationale. Le ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique dĂ©nonce Ă©galement, sous la prĂ©sidence Sarkozy, la crĂ©ation d’un "ministĂšre de l’IdentitĂ© nationale" et plaide en faveur d’un "ministĂšre de la citoyennetĂ©". L’identitĂ© de la RĂ©publique, c’est d’abord l’intĂ©gration dans l’universalisme des principes des LumiĂšres. Le ComitĂ©, qui a Ă©tĂ© en premiĂšre ligne pour dĂ©noncer l’infiltration de l’universitĂ© Lyon 3, monte en ligne contre l’extrĂȘme-droite et dĂ©nonce sa tentative de dĂ©tourner la laĂŻcitĂ© Ă  des fins xĂ©nophobes. Le renoncement d’une partie de la gauche Ă  dĂ©fendre la laĂŻcitĂ© lui ouvre un boulevard dans lequel elle se jette. Ce sera le sens du livre Ils ont volĂ© la laĂŻcitĂ©, que je publierai en 2012 et dont la couverture sera illustrĂ©e d’un dessin de Charb [7]. L’originalitĂ© du ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique va s’exprimer dans le dĂ©bat qui s’engage autour des affaires du voile et du communautarisme. Avec Jean-Marie Matisson, son PrĂ©sident d’alors, par ailleurs partie civile dans le procĂšs Maurice Papon, nous sommes auditionnĂ©s Ă  l’AssemblĂ©e Nationale et plaidons en faveur d’une loi interdisant le port de signes religieux Ă  l’école. "Entre le fort et le faible, c’est la libertĂ© qui opprime et la loi qui affranchit", Ă©crivait Lacordaire. Articles de presse, Ă©ditos, colloques se succĂšdent. Nous y invitons entre autres Élisabeth de Fontenay, Luc Ferry, Henri Jouffa, Albert Memmi, Danielle Sallenave, Lucien SĂšve, Michel Vovelle, Yves Gallifret, Maurice Benassayag, Louis Mexandeazu, Edgar Pisani, Georges Sarre, Alain Vivien, Jean-Pierre ChevĂšnement, Xavier Pasquini, Georges-Marc Benamou. La tension monte entre associations laĂŻques. L’enjeu le communautarisme. J’ai toujours cru aux vertus du dialogue et fais confiance Ă  l’honnĂȘtetĂ© intellectuelle de mes contradicteurs. Optimiste, j’imagine qu’il est encore possible de dĂ©battre au fond et d’éviter un schisme au sein de la famille laĂŻque. D’autant que certaines amitiĂ©s perdurent. J’écris Ă  Pierre Tournemire, un des principaux animateurs de la Ligue de l’Enseignement, pour lui proposer un dĂ©bat au fond avec des reprĂ©sentants de la Ligue de l’Enseignement, de la FEN et quelques autres associations. En vain. Je rĂ©itĂ©rerai cette proposition auprĂšs du PrĂ©sident d’alors de la Ligue, qui, pour toute rĂ©ponse, taxera mes amis du ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique et moi-mĂȘme d’islamophobes ! Sans rĂ©ponse, j’écris une tribune dans Le Monde dont Guy Le NĂ©ouanic, qui a succĂ©dĂ© Ă  Yannick Simbron comme secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral la FEN, cite des extraits dans son rapport d’activitĂ©. J’interviens, comme nous le faisons rĂ©guliĂšrement, Ă  la Libre PensĂ©e dont le PrĂ©sident, Marc Blondel, facilite le dialogue. Nos dĂ©saccords sont relativement mineurs et ne menacent pas la perspective de rassemblement des laĂŻques. Il serait encore possible de rĂ©flĂ©chir entre gens de bonne volontĂ© parmi lesquels plus d’un franc-maçon. Mais cette fois, la bonne volontĂ© ne suffira pas. Commence le temps des procĂšs en islamophobie. Trente ans aprĂšs la crĂ©ation du ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique, l’actualitĂ© donne malheureusement raison Ă  ses fondateurs. L’universalisme rĂ©publicain, autrefois combattu par la seule extrĂȘme droite, est dĂ©sormais vivement attaquĂ© par des voix issues de la rive progressiste qui ont oubliĂ© les fondements de la culture et des combats de la Gauche. La laĂŻcitĂ©, clĂ© de voĂ»te de la RĂ©publique sociale et laĂŻque, se trouve mise Ă  mal, traitĂ©e de "raciste" et de "colonialiste", de "bourgeoise" et de "rĂ©actionnaire", dĂšs lors qu’il s’agit de l’appliquer aux musulmans comme Ă  tous les autres citoyens. Dans cette traversĂ©e du dĂ©sert, le ComitĂ© a contribuĂ© avec quelques autres associations Ă  sauver l’essentiel de la laĂŻcitĂ©, en particulier la loi de sĂ©paration de 1905 qui faillit ĂȘtre vidĂ©e de son contenu au prĂ©texte de modernisation. Il a activement participĂ© Ă  la crĂ©ation et Ă  l’animation du Collectif des associations laĂŻques qui rassemble au Grand Orient les obĂ©diences adogmatiques et une quarantaine d’associations dĂ©fendant une laĂŻcitĂ© sans qualificatif [8]. Ce collectif publie chaque annĂ©e un État de la laĂŻcitĂ© en France. La premiĂšre Ă©dition, que je portai Ă  bout de bras avec Charles Arrambourou de l’UFAL et Martine Cerf d’Égales, nĂ©cessita beaucoup de force de conviction car elle prenait le contre-pied du premier rapport de l’Observatoire de la laĂŻcitĂ© dont le prĂ©sident Jean-Louis Bianco venait de dĂ©clarer "il n’y a pas de problĂšmes de laĂŻcitĂ© en France". Cette dĂ©claration suscita une rĂ©action trĂšs ferme au sein de cet Observatoire, du dĂ©putĂ© Jean Glavany, de la sĂ©natrice Françoise Laborde et de moi-mĂȘme [9]. [Au ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique,] des comitĂ©s locaux ont vu le jour dans une vingtaine de villes et rĂ©gions, organisant des rĂ©unions publiques et une action de terrain auxquelles j’ai trĂšs souvent participĂ©, bien Ă©loignĂ©es du parisianisme politicien. Quelle chance fut la mienne de pouvoir compter dĂšs le dĂ©but sur tant de talents, de convictions, de culture, de soutiens amicaux, de femmes et d’hommes exceptionnels parmi lesquels Henri Caillavet et Élisabeth Badinter occupent une place de choix [10]. » [1] Lionel Jospin, L’invention du possible, Flammarion, 1991, p. 295.[3] LaurĂ©ats du Prix de la laĂŻcitĂ© du ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique. Ont ainsi notamment Ă©tĂ© honorĂ©s Caroline Fourest, journaliste menacĂ©e de mort, Chadortt Djavan, Ă©crivaine iranienne, menacĂ©e de mort, Djemila Benhabib, militante quĂ©bĂ©coise fĂ©ministe et laĂŻque, menacĂ©e de mort, Françoise Laborde, sĂ©natrice, Catherine Kintzler, philosophe, Jeannette Bougrab, secrĂ©taire d’État, Henri Pena-Ruiz, philosophe, Shoukria Haidar, militante afghane du droit des femmes et de la laĂŻcitĂ©, menacĂ©e de mort, Jean-Luc Petit Huguenin, patron de Paprec, ayant fait voter une charte de la laĂŻcitĂ© dans son entreprise, Samuel Mayol, directeur de l’IUT de St Denis, menacĂ© de mort, Fazil Say, pianiste, emprisonnĂ© en Turquie pour son engagement en faveur des droits de l’homme et de la libertĂ© de conscience, Zineb El Rhazoui, journaliste Ă  Charlie hebdo, menacĂ©e de mort, Gorgio Napolitano, alors prĂ©sident de la RĂ©publique italienne pour son soutien Ă  un patient dans le coma qui avait prĂ©alablement sollicitĂ© en vain le droit Ă  mourir dans la dignitĂ©, Maryam Namazie, politique iranienne exilĂ©e, menacĂ©e de mort, le Professeur Émile Baulieu, pĂšre de la pilule abortive, Gilles Clavreul, ancien dĂ©lĂ©guĂ© Ă  la lutte contre le racisme et l’antisĂ©mitisme, Jorge Clavero, militant laĂŻque argentin, Inna Shevchenko, animatrice des Femen, Sarah Doraghi, journaliste et comĂ©dienne au nom des femmes iraniennes qui risquent leur vie pour ne pas avoir Ă  porter le voile, Ensaf Haidar, Ă©pouse de Raif Badawi, blogueur condamnĂ© en Arabie saoudite Ă  dix annĂ©es de prison et mille coups de fouet, pour avoir critiquĂ© la religion, Jean-Pierre Obin, auteur du rapport qui alerta en France sur le danger des revendications communautaristes Ă  l’école notamment, Boualem Sansal, Ă©crivain algĂ©rien, Georges Bensoussan, historien ostracisĂ© pour avoir, parmi les premiers, osĂ© donner son nom Ă  la barbarie islamiste, FrĂ©dĂ©ric AurĂ©al, responsable du Service de la protection rapprochĂ©e SDLP, service de police discret dont les membres risquent leur vie pour protĂ©ger celles et ceux qui dĂ©fendent la laĂŻcitĂ© au pĂ©ril de leur vie. Le jury auquel ont participĂ© des responsables politiques de gauche comme de droite, anciens ministres tels Anicet Le Pors, communiste, AndrĂ© Henry, socialiste, Jacques Toubon, RPR, des intellectuels, des reprĂ©sentants d’associations laĂŻques, a Ă©tĂ© notamment prĂ©sidĂ© par la philosophe Élisabeth Badinter, l’ancien ministre Jean Glavany, l’ancienne dĂ©putĂ©e Odile Saugues, les journalistes Joseph MacĂ©-Scaron, Françoise Laborde, Renaud Dely et par Charb, mon ami, le dessinateur et directeur de Charlie.[5] Pierre BergĂ©, L’affaire Clovis, Plon,1996.[6] Patrick Kessel, Marianne, je t’aime, Ă©ditions Bruno Leprince, 1996.[7] Patrick Kessel, Ils ont volĂ© la laĂŻcitĂ©, Jean -Claude Gawsewitch, 2012.[8] La liste des associations membres du Collectif, dĂ©jĂ  citĂ©e.[9] Le communiquĂ© Glavany – Laborde - Kessel. Voir en Annexes.[10] Ont notamment contribuĂ© Ă  la crĂ©ation et au dĂ©veloppement du ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique les anciens ministres AndrĂ© Henry, Guy Lengagne, Yvette Roudy,Anne-Marie Lizin, ministre belge,les dĂ©putĂ©s Christian Bataille, Jean-Louis Touraine,les anciens Grands MaĂźtres du Grand Orient Jacques Lafouge, Gilbert Abergel, Philippe Foussier, les anciennes Grandes MaĂźtresses et dignitaires de la GLFF, le recteur Alain Morvan,Jean-Philippe Simonet qui a créé le site du ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique et Édouard Moreau qui l’actualise quotidiennement,Daniel BĂ©nichou, Daniel BƓuf, Jean-Pierre Catala, Charles Coutel, JoĂ«l Denis, Marie-Danielle Gaffric, Catherine Kintzler, Guillaume Lecointre, Evelyne LĂ©vy, Jacques LĂ©vy, Jean-Marie Matisson, Jean-Claude Pecker, Nicole Raffin, Alain Seksig, Antoine Sfeir. Depuis la seconde guerre mondiale, l'histoire des relations franco-allemandes est souvent personnifiĂ©e. Dans ce contexte, Willy Brandt et Georges Pompidou... Lire la suite 29,00 € Neuf Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 14,99 € Grand format ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 29,00 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours LivrĂ© chez vous entre le 25 aoĂ»t et le 30 aoĂ»t Depuis la seconde guerre mondiale, l'histoire des relations franco-allemandes est souvent personnifiĂ©e. Dans ce contexte, Willy Brandt et Georges Pompidou restent souvent dans l'ombre de couples plus connus. Alors que Brandt est plutĂŽt associĂ© Ă  la nouvelle Ostpolitik, Pompidou est davantage considĂ©rĂ© comme le successeur plutĂŽt effacĂ© du charismatique PrĂ©sident de Gaulle occupĂ© Ă  abandonner des positions gaullistes classiques. L'opinion publique contemporaine jugeait que la politique europĂ©enne Ă©tait Ă  l'arrĂȘt et les Ă©tudes scientifiques parlaient beaucoup " d'eurosclĂ©rose " dans les annĂ©es 1970. L'ouvrage de Claudia Hiepel contredit ces interprĂ©tations liĂ©es Ă  la politique europĂ©enne menĂ©e par Brandt et Pompidou. En s'appuyant sur des sources historiques aussi nombreuses que variĂ©es, elle dĂ©veloppe l'importance des relations bilatĂ©rales dans le processus d'intĂ©gration pendant cette phase difficile mais dĂ©cisive. MalgrĂ© toutes les difficultĂ©s que la construction de l'Europe devait surmonter Ă  cette Ă©poque, entre 1969 et 1974 des dĂ©cisions essentielles ont Ă©tĂ© prises pour l'avenir des relations franco-allemandes et l'intĂ©gration europĂ©enne façonnant toujours le visage de la CommunautĂ© europĂ©enne. L'action de Brandt et de Pompidou est rĂ©interprĂ©tĂ©e en montrant qu'ils ont jouĂ© ce rĂŽle moteur attribuĂ© aux relations franco-allemandes. L'ouvrage a reçu les prix " Emile et Aline Mavrisch " et " Willy-Brandt " en 2011 et a Ă©tĂ© distinguĂ© parle prix parlementaire franco-allemand en 2015. Date de parution 01/01/2016 Editeur Collection ISBN 978-2-7574-1156-8 EAN 9782757411568 PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 313 pages Poids Kg Dimensions 15,9 cm × 24,0 cm × 1,6 cm Depuis la seconde guerre mondiale, l'histoire des relations franco-allemandes est souvent personnifiĂ©e. Dans ce contexte, Willy Brandt et Georges Pompidou restent souvent dans l'ombre de couples plus connus. Alors que Brandt est plutĂŽt associĂ© Ă  la nouvelle Ostpolitik, Pompidou est davantage considĂ©rĂ© comme le successeur plutĂŽt effacĂ© du... Biographie de Claudia Hiepel Claudia Hiepel docteure et agrĂ©gĂ©e d'histoire, collaboratrice scientifique de l'universitĂ© Duisburg-Essen, est spĂ©cialiste des relations internationales europĂ©ennes des XIXe et XXe siĂšcles. 5 juillet 2011 - Seul le prononcĂ© fait foi DĂ©claration de M. Nicolas Sarkozy, PrĂ©sident de la RĂ©publique, en hommage Ă  l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique, Georges Pompidou, Ă  Montboudif Cantal le 5 juillet 2011. TĂ©lĂ©charger le .pdf Mesdames et Messieurs,Le 16 mai 1969, un peu plus de deux semaines aprĂšs la dĂ©mission du GĂ©nĂ©ral De Gaulle, Georges Pompidou prĂ©sentait aux Français sa candidature Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle par ces mots dont certains d'entre vous se souviennent peut-ĂȘtre Pendant longtemps vous le savez peut-ĂȘtre, je n'ai pas dĂ©sirĂ© une carriĂšre politique active. Et puis en 1962, le GĂ©nĂ©ral De Gaulle m'a nommĂ© d'emblĂ©e, Premier ministre. J'ai fait mon apprentissage, j'ai fait des fautes comme tout le monde, mais je ne crois pas avoir Ă©tĂ© indigne de ma fonction [...] Et puis est venu mai 1968 [...] Il fallait tenir. Il fallait d'abord rĂ©tablir l'ordre progressivement mais fermement et sans faire couler le sang, sans nous jeter dans la guerre civile. Il fallait remettre la France au travail. Et puis il fallait dĂ©jouer le complot politique, faire comprendre Ă  l'opinion ce qui se passait [...] C'est Ă  ce moment que j'ai compris que quand viendrait le jour, je n'aurai pas le droit de me n'imiterai pas le style du GĂ©nĂ©ral De Gaulle. Je ne le pourrai d'ailleurs et puis vous le voyez bien, je suis un homme propose une politique d'ouverture et de cela veut dire, un gouvernement rĂ©novĂ© se reposant sur une majoritĂ© trĂšs large Ă©tendue Ă  tous ceux qui acceptent les principes essentiels de la Ve cela veut dire des rapports constants, confiants entre le Gouvernement et le Parlement avec tous les Ă©lus et avec le pays, car j'ai l'intention de lui expliquer, frĂ©quemment, simplement, franchement la politique... »Cet homme d'État qui, selon l'un de ses biographes, Ă©tait allĂ© Ă  la politique Ă  pas lents » mourut le 2 avril 1974, terrassĂ© par une maladie dont peu de Français, peut-ĂȘtre mĂȘme pas lui, n'avait soupçonnĂ© la avait durĂ© trois jours de souffrance, aprĂšs un calvaire long de plusieurs mois pendant lesquels il avait fait face, sans jamais se plaindre, sans rien laisser paraĂźtre du terrible mal qui l' su qu'il allait mourir si vite ?Nul ne peut le dire. Mais il travailla comme s'il avait encore des annĂ©es Ă  vivre, jusqu'Ă  ce qu'Ă  bout de forces, il tomba pour ne plus se dernier combat de sa vie, ce combat contre la mort, contre lui-mĂȘme, contre l'insigne faiblesse humaine, oĂč l'esprit jusqu'au dernier moment tint tĂȘte Ă  ce corps si douloureusement diminuĂ© qui l'entraĂźnait inexorablement dans sa chute, ce combat fut le plus grand et le plus beau de sa vie. Et cet homme qui aimait tant la poĂ©sie se rĂ©cita peut-ĂȘtre alors au milieu du malheur le vers de Corneille qu'il connaissait si bien Meurs, mais quitte du moins la vie avec Ă©clat ».Des vers, il en avait appris des cinquante ans, il Ă©crivait La passion de la poĂ©sie, dont on me prĂ©disait lorsque j'Ă©tais enfant qu'elle passerait, a persistĂ© au-delĂ  du milieu du chemin de la vie ».Elle ne le quittera jamais. La poĂ©sie, disait-il, est, ou peut, se trouver partout ...Il y a la poĂ©sie du soleil et celle de la brume, la poĂ©sie de la dĂ©couverte et celle de l'habitude, de l'espoir et du regret, de la mort et de la vie, du bonheur et du malheur... »Dans les joies familiales comme dans l'univers glacĂ© du pouvoir, dans sa jeunesse heureuse comme dans la douleur des derniers jours, l'art et la poĂ©sie lui firent aimer la vie, mĂȘme dans les pires moments. Car Ă  cet homme qui rĂ©ussit tout, rien ne fut Ă©pargnĂ©. Il traversa des Ă©preuves terribles, se battit contre les prĂ©jugĂ©s, contre la calomnie, contre la l'amour de l'art et de la poĂ©sie on ne peut rien comprendre Ă  un homme que rien ne semblait pouvoir Ă©branler tant sa force intĂ©rieure Ă©tait grande. Cette force, elle lui venait de son caractĂšre, de ses racines, de son Ă©ducation, de sa culture mais aussi de sa foi, car ce fils d'un instituteur socialiste, cet Ă©lĂšve mĂ©ritant Ă©levĂ© dans le culte de la RĂ©publique laĂŻque, Ă©tait croyant, d'une croyance sincĂšre, profonde, sans ostentation mais solidement ancrĂ©e en avait la tranquille assurance de ceux qui sont en accord avec eux-mĂȘmes, qui savent d'oĂč ils viennent et ce qu'ils attendent de la il venait, c'Ă©tait clair il venait d'ici, de cette vieille terre auvergnate, de ce haut plateau du Cantal, de ces gĂ©nĂ©rations de paysans dont il avait hĂ©ritĂ© les vertus simples et son enfance, il disait je n'ai reçu que des leçons de droiture, d'honnĂȘtetĂ© et de travail. Il en reste toujours quelque chose ». Meurs, mais quitte du moins ce monde avec Ă©clat ».Il quitta ce monde avec Ă©clat, je veux dire avec une dignitĂ© parfaite, un sens Ă©levĂ© de son devoir, un courage qui força l'admiration de tous ceux qui l'ont approchĂ© alors. Il est vrai qu'il eut la chance qu'Ă  aucun moment son intelligence ne fut Ă©branlĂ©e par la fin bouleversante qui prit les Français par surprise et les Ă©mut si profondĂ©ment fit presque oublier ce qu'il avait accompli de son vivant. Le masque tragique du mourant cacha la grande figure de l'Homme d' circonstances contribuĂšrent Ă  ce demi-oubli. La mort de Georges Pompidou coĂŻncida en effet avec la fin de ce que l'on appelle les trente glorieuses », ces trente glorieuses » dont il avait Ă©tĂ© la figure la plus marquante et qu'il avait, pour ainsi dire, souvenir de ces annĂ©es de prospĂ©ritĂ©, de foi dans le progrĂšs et dans la justice, allait vite ĂȘtre effacĂ© au cours des dĂ©cennies suivantes par l'inquiĂ©tude du quotidien et l'angoisse de l' Pompidou a pu apparaĂźtre alors comme le visage d'une Ă©poque rĂ©volue que chacun s'efforçait d'oublier, comme l'on oublie le temps du bonheur qui ne reviendra pas pour ne pas souffrir davantage de l'attendre en quarante ans de crises ininterrompues, de mutations douloureuses, avaient fini par nous faire oublier que l'avenir pouvait aussi ĂȘtre une promesse et pas seulement une temps est venu de nous rĂ©concilier avec ce que nous sommes profondĂ©ment, de reprendre confiance, de nous persuader que ce que nos pĂšres ont accompli jadis, nous sommes capables de l'accomplir de nouveau, que le gĂ©nie de notre peuple n'est pas moins grand aujourd'hui qu' centiĂšme anniversaire de la naissance de Georges Pompidou doit ĂȘtre l'occasion d'un examen de conscience, d'un retour sur nous-mĂȘmes Ă  un moment de notre histoire oĂč ce retour devient absolument nĂ©cessaire. Car Ă©voquer la figure de Georges Pompidou, c'est Ă©voquer la plus pure tradition française mise au service de la plus grande modernitĂ©. C'est nous rappeler qu'au fond, la seule mission de la politique aujourd'hui encore, c'est de jeter un pont entre la France d'hier et celle de Pompidou a dit un jour un pays n'est pas une page blanche ».Il savait que la politique de la table rase a toujours Ă©tĂ© une catastrophe et qu'en fin de compte l'histoire, la culture, l'identitĂ©, le fruit du long travail des gĂ©nĂ©rations reviennent toujours hanter le prĂ©sent quoique l'on ait fait pour en effacer les France a une personnalitĂ© singuliĂšre, un caractĂšre particulier, un gĂ©nie propre qui ne cesse de s'enrichir, d'Ă©voluer, de changer par une lente mĂ©tamorphose mais les fils qui la relient Ă  son passĂ©, Ă  ses hĂ©ritages, ne se coupent Pompidou tissait sans cesse la trame de l'avenir avec ces fils qui couraient le long des siĂšcles et qui le rattachaient, lui, l'hĂ©ritier de tant de gĂ©nĂ©rations de paysans du Cantal Ă  tout le passĂ© de la France. Je pense, disait-il, que l'habitude ancestrale de parcourir nos plateaux et nos montagnes au pas lent du paysan donne tout naturellement le goĂ»t des vastes Ă©tendues et le sens de la durĂ©e, nĂ©cessaires pour atteindre le but. »Ces racines, il les plongeait dans ce plateau aride, dans la France paysanne mais aussi profondĂ©ment dans cette RĂ©publique des Instituteurs qui croyait au savoir, au mĂ©rite, au progrĂšs, Ă  la justice. Celle de Jules Ferry, de Clemenceau, de PĂ©guy et de JaurĂšs. JaurĂšs, dont le souvenir rĂ©cent hantait encore la vieille citĂ© d'Albi oĂč le petit Georges passa son enfance et oĂč son pĂšre LĂ©on devenu professeur d'Espagnol militait Ă  la section locale de la l'Ă©cole primaire jusqu'Ă  Louis le Grand, l'enfant du Cantal, le fils de LĂ©on Pompidou, instituteur, et de Marie Louise Chavagnac, institutrice, rafla tous les prix et lut tous les 1931, il intĂ©gra l'École Normale SupĂ©rieure, le temple du mĂ©rite rĂ©publicain. Il allait en garder le souvenir inoubliable d'une grande libertĂ© intellectuelle et des amis pour la vie, parmi lesquels LĂ©opold Sedar Senghor, le grand poĂšte de la NĂ©gritude qui deviendrait le Premier PrĂ©sident de la RĂ©publique du SĂ©nĂ©gal et qui dira aprĂšs sa mort Je lui dois beaucoup. C'Ă©tait l'ami le plus loyal qui fut et notre amitiĂ© a rĂ©sistĂ© Ă  toutes les Ă©preuves. »Il passa l'agrĂ©gation de lettres. Il fut reçu premier. Ce fut sa revanche sur le concours d'entrĂ©e Ă  l'École Normale oĂč il n'avait Ă©tĂ© reçu qu'Ă  la huitiĂšme place. Toute sa vie il dĂ©testerait ne pas ĂȘtre le premier... AprĂšs son service militaire il fut affectĂ© comme professeur au LycĂ©e St Charles Ă  Marseille. Il y partit avec celle qui venait de devenir son Ă©pouse et avec laquelle il allait dĂ©sormais tout milieu des difficultĂ©s de la vie et du pouvoir qui mettent les sentiments Ă  si rude Ă©preuve, l'amour de Georges et de Claude Pompidou resterait indestructible. Elle serait Ă  ses cĂŽtĂ©s jusqu'au dernier jour. Lui, il lui ferait confiance et la soutiendrait quoi qu'il arrivĂąt. Et quand on voulut l'atteindre Ă  travers elle, quand le mensonge et la calomnie s'efforcĂšrent de la salir en cherchant Ă  l'impliquer dans une histoire rĂ©pugnante oĂč elle n'avait aucune part, il la dĂ©fendit avec une fĂ©rocitĂ© qu'on ne lui connaissait pas. Cette attaque contre elle, ce fut sans doute la seule chose que cet homme si peu rancunier, ne pardonnerait enseigna trois ans Ă  Marseille. Puis, un peu par hasard il se retrouva mutĂ© Ă  Paris au lycĂ©e Henri IV et s'installa au Quartier Latin. La guerre l'arracha Ă  sa vie de professeur, aux théùtres et aux galeries d'Art qu'il aimait tant. Il se battit courageusement sur la Somme, la Marne, la Seine, la discours du MarĂ©chal PĂ©tain demandant l'armistice le surprit Ă  Sully-sur-Loire aprĂšs de violents n'entendit pas l'appel du 18 juin. Il ne partit pas Ă  Londres et s'il rejeta toute forme de collaboration avec un occupant qu'il dĂ©testait, s'il eut des sympathies pour des RĂ©sistants qu'il aida Ă  l'occasion, il eut, contrairement Ă  bien d'autres, l'honnĂȘtetĂ© de reconnaĂźtre qu'il n'en devint pas un lui-mĂȘme. Certains le lui utilisa une fois encore l'arme de la calomnie pour abattre par tous les moyens cet homme sur lequel nul n'avait de prise et qui n'appartenait Ă  aucun clan, Ă  aucune ce fut peut-ĂȘtre lui finalement qui comprit le mieux le gaullisme, ou en tout cas qui le servit le mieux, bien qu'il ne rencontrĂąt le gĂ©nĂ©ral De Gaulle qu'en qui semblait promis Ă  une brillante carriĂšre universitaire et qui, Ă  part ses prises de position contre l'Action française du temps de sa jeunesse Ă©tudiante, ne s'Ă©tait jamais mĂȘlĂ© Ă  la politique, dĂ©cida dans l'euphorie de la LibĂ©ration qu'il ne pouvait pas rester professeur au moment oĂč toutes les Ă©nergies devaient ĂȘtre mobilisĂ©es pour reconstruire le pays. Il força alors le destin en Ă©crivant Ă  son camarade de promotion de Normale, RenĂ© Brouillet Il n'y a que par l'effort de tous, sans distinction aucune de partis que l'on peut espĂ©rer refaire une France [...]. Je ne demande rien de brillant, ni d'important mais d'utile et je n'apporte aucun gĂ©nie, mais de la bonne volontĂ©, et je crois, du bon sens. »Cette offre de service le fit entrer au cabinet du GĂ©nĂ©ral De Gaulle oĂč il allait jouer un rĂŽle grandissant jusqu'au dĂ©part du chef du Gouvernement provisoire opposĂ© au retour du rĂ©gime des partis avec lesquels il ne voulait pas se des requĂȘtes au Conseil d'État, adjoint au Commissaire gĂ©nĂ©ral au tourisme, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Fondation Anne De Gaulle, il devint en 1948 chef du cabinet du GĂ©nĂ©ral De Gaulle, c'est-Ă -dire alors son plus proche collaborateur. Ce fut le temps des premiĂšres jalousies et des premiers coups bas. Il s'en sortit bien. Il installa son influence au cur du mouvement gaulliste sans se mĂȘler aux querelles de pouvoirs et de personnes. Il s'imposa, comme toujours, par son travail acharnĂ©, sa disponibilitĂ©, ce bon sens paysan qu'il affectionnait tant et le conduisait Ă  ne prendre que des risques soigneusement 1953, changeant l'orientation de sa carriĂšre, il entra Ă  la Banque Rothschild. Jusqu'Ă  ce qu'en en mai 1958, le gĂ©nĂ©ral De Gaulle revenant au pouvoir le rappela pour en faire son directeur de cabinet. Il le restera pendant ces six mois dĂ©cisifs, de juin Ă  dĂ©cembre janvier 1959, le GĂ©nĂ©ral installĂ© Ă  l'ÉlysĂ©e, Georges Pompidou retourna au mĂ©tier de banquier auquel il avait pris goĂ»t. Il allait y rester jusqu'Ă  sa nomination comme Premier ministre, en avril 1962. Alors cet homme d'État qui Ă©tait venu Ă  la politique Ă  pas si lents que personne ne l'avait vu venir, entra de plain pied dans son destin. Il allait exercer cette fonction exigeante pendant plus de six collaborateur efficace qui se tenait soigneusement Ă  l'Ă©cart de la politique, se retrouvait ainsi du jour au lendemain au centre de tous les jeux, de toutes les manuvres, de toutes les ambitions que la politique peut susciter. Et, fait inattendu pour beaucoup qui ne connaissaient ni sa finesse d'esprit, ni sa tĂ©nacitĂ©, cet homme qui n'avait pas l'expĂ©rience d'une longue carriĂšre d'Ă©lu rĂ©ussit Ă  s'imposer Ă  ce milieu sans pitiĂ© pour ceux qui n'en connaissent pas les codes et les rĂšgles. Sa soliditĂ© fit merveille au milieu de l'agitation. Il se fixa un cap et s'y tint sans s'en laisser commentant la nouvelle Constitution, le GĂ©nĂ©ral De Gaulle avait fixĂ© la rĂ©partition des rĂŽles au PrĂ©sident de la RĂ©publique l'essentiel et le long terme. Au Premier ministre la gestion du quotidien, Georges Pompidou en fit sa grandeur, car la vie quotidienne le passionnait. Il regardait toujours la politique comme une question de civilisation et la civilisation il en voyait d'abord la manifestation concrĂšte dans la vie de tous les ne crut jamais aux grands desseins dĂ©tachĂ©s de cette rĂ©alitĂ© et il Ă©prouva toujours une mĂ©fiance instinctive vis-Ă -vis des grands systĂšmes de pensĂ©e, des grandes constructions idĂ©ologiques. Rien ne lui Ă©tait plus Ă©tranger que l'esprit de fut dans les choses concrĂštes de la vie que s'exprima sans doute le plus complĂštement son profond qui ne croyait pas que l'on pĂ»t changer la sociĂ©tĂ© par dĂ©cret parce qu'il ne croyait qu'aux lentes mĂ©tamorphoses de la civilisation, accomplit la modernisation de la France dont il sentait la nĂ©cessitĂ© par les mille dĂ©tails de la vie ordinaire. Il s'intĂ©ressa Ă  tout Ă  l'agriculture, Ă  l'amĂ©nagement du territoire, Ă  l'industrie, Ă  la recherche, aux transports, Ă  l'Ă©nergie, Ă  l'urbanisme, Ă  l'Ă©ducation...Devenu PrĂ©sident, il continue Ă  se prĂ©occuper des petits problĂšmes de la vie ordinaire Ă  travers lesquels se fabrique l'identitĂ© d'un peuple. Certains d'entre vous connaissent peut-ĂȘtre cette lettre que le PrĂ©sident Pompidou prit un jour la peine d'Ă©crire Ă  son Premier ministre et que je ne rĂ©siste pas au plaisir de vous lire tant elle est rĂ©vĂ©latrice de l'Homme et du PrĂ©sident Mon cher Premier ministre,J'ai eu par le plus grand des hasards, communication d'une circulaire du Ministre de l'Équipement - Direction des Routes et de la Circulation RoutiĂšre - dont je vous fais parvenir photocopie.[...]...Bien que j'aie plusieurs fois exprimĂ© en Conseil des Ministres ma volontĂ© de sauvegarder "partout" les arbres, cette circulaire tĂ©moigne de la plus profonde indiffĂ©rence Ă  l'Ă©gard des souhaits du PrĂ©sident de la RĂ©publique. Il en ressort, en effet, que l'abattage des arbres le long des routes deviendra systĂ©matique sous prĂ©texte de est Ă  noter par contre que l'on n'envisage qu'avec beaucoup de prudence et Ă  titre de simple Ă©tude, le dĂ©placement des poteaux Ă©lectriques ou tĂ©lĂ©graphiques. C'est que lĂ  il y a des Administrations pour se dĂ©fendre. Les arbres, eux, n'ont, semble-t-il, d'autres dĂ©fenseurs que moi-mĂȘme et il apparaĂźt que cela ne compte pas.[...] La sauvegarde des arbres plantĂ©s au bord des routes - et je pense en particulier aux magnifiques routes du Midi bordĂ©es de platanes - est essentielle pour la beautĂ© de notre pays, pour la protection de la nature, pour la sauvegarde d'un milieu vous demande donc de faire rapporter la circulaire des Ponts et ChaussĂ©es, et de donner des instructions prĂ©cises au Ministre de l'Équipement pour que, sous divers prĂ©textes, on ne poursuive pas dans la pratique ce qui n'aurait Ă©tĂ© abandonnĂ© que dans le principe et pour me donner satisfaction d' vie moderne dans son cadre de bĂ©ton, de bitume et de nĂ©on crĂ©era de plus en plus chez tous un besoin d'Ă©vasion, de nature et de beautĂ©. L'autoroute sera utilisĂ©e pour les transports qui n'ont d'autre objet que la rapiditĂ©. La route, elle, doit redevenir pour l'automobiliste de la fin du vingtiĂšme siĂšcle ce qu'Ă©tait le chemin pour le piĂ©ton ou le cavalier un itinĂ©raire que l'on emprunte sans se hĂąter, en en profitant pour voir la France. Que l'on se garde de dĂ©truire systĂ©matiquement ce qui en fait la beautĂ© ! »Cet adepte du progrĂšs Ă©conomique et de l'expansion, comme l'on disait Ă  l'Ă©poque, fut, avant tout le monde, autant prĂ©occupĂ© par le souci de donner accĂšs Ă  tous les Français aux commoditĂ©s de la vie moderne que par la nĂ©cessitĂ© d'Ă©viter un bouleversement trop brutal du mode de vie qui dĂ©racinerait totalement l'homme et l'asservirait Ă  la technique et Ă  l' loin, ne dira-t-il pas un jour Je suis de ceux qui pensent que dans cinquante ans la fortune consistera Ă  pouvoir s'offrir la vie du paysan aisĂ© du dĂ©but du siĂšcle [...] On y ajoute des piscines et des automobiles, mais ce n'est pas une modification fondamentale, il reste le besoin d'air, de puretĂ©, de libertĂ©, de silence... »En 1970, Ă  Chicago, il dĂ©clara L'emprise de l'Homme sur la Nature est devenue telle qu'elle comporte le risque de destruction de la nature elle-mĂȘme [...]. La Nature nous apparaĂźt comme un cadre prĂ©cieux et fragile qu'il importe de protĂ©ger pour que la Terre devienne habitable Ă  l'Homme. »On a tendance Ă  oublier que ce fut lui, Georges Pompidou, qui crĂ©a en France, en janvier 1971, le ministĂšre de l'Environnement qu'il confia Ă  Robert Poujade. Audace inouĂŻe pour l'Ă©poque. Robert Poujade a racontĂ© les rĂ©sistances auxquelles il fut confrontĂ© dans un livre au titre Ă©vocateur Le ministĂšre de l'impossible ».L'homme qui Ă©crivait Le plan doit ĂȘtre l'affirmation d'une ambition nationale » et qui ne cessait de rĂ©pĂ©ter Les grandes capacitĂ©s de notre agriculture doivent ĂȘtre utilisĂ©es pleinement afin de donner Ă  notre production, en quantitĂ© et en qualitĂ©, la prĂ©pondĂ©rance au sein du MarchĂ© Commun. Notre appareil commercial, intĂ©rieur et extĂ©rieur, doit ĂȘtre Ă©tendu et adaptĂ© aux formes modernes de la concurrence. Notre industrie doit accroĂźtre considĂ©rablement ses capacitĂ©s de production et poursuivre activement la transformation de ses structures. C'est dans le domaine de l'industrie que l'effort le plus grand reste Ă  faire en dĂ©pit des progrĂšs accomplis dans les derniĂšres annĂ©es.»Cet homme Ă©tait aussi celui qui affirmait Le progrĂšs doit trouver ses limites dans les bouleversements qu'il entraĂźne dans la vie des hommes et dont il est vain de croire qu'ils puissent ĂȘtre imposĂ©s au nom des seules nĂ©cessitĂ©s Ă©conomiques et des perspectives de l'avenir. ».Il ne faisait au fond qu'approfondir l'analyse qu'il avait commencĂ©e face aux Ă©vĂ©nements de Mai 68 et qui sonnait si juste lorsqu'il s'Ă©tait Ă©criĂ© Ă  l'AssemblĂ©e le 14 mai Je ne vois de prĂ©cĂ©dent dans notre histoire qu'en cette pĂ©riode dĂ©sespĂ©rĂ©e que fut le XVe siĂšcle, oĂč s'effondraient les structures du Moyen-Ăąge et oĂč, dĂ©jĂ , les Ă©tudiants se rĂ©voltaient en ce stade, ce n'est plus, croyez-moi, le Gouvernement qui est en cause, ni les institutions, ni mĂȘme la France. C'est notre civilisation elle-mĂȘme. Tous les adultes et tous les responsables, tous ceux qui prĂ©tendent guider les hommes se doivent d'y songer, parents, maĂźtres, dirigeants professionnels ou syndicaux, Ă©crivains et journalistes, prĂȘtres et laĂŻcs. »Crise de civilisation, donc Ă  ses yeux, qui commence et Ă  laquelle il appellerait bientĂŽt Ă  opposer un nouvel a dit parfois de Georges Pompidou qu'il Ă©tait conservateur parce qu'il n'Ă©tait pas rĂ©volutionnaire. On a eu tort. Qu'on lise le Nud Gordien, que l'on recense tout ce qui a Ă©tĂ© accompli par lui comme Premier ministre durant plus de six ans et comme PrĂ©sident durant prĂšs de cinq ans, sans faire d'anachronisme, sans juger une Ă©poque dĂ©jĂ  lointaine avec les prĂ©jugĂ©s de la nĂŽtre, alors on s'apercevra qu'il fut l'un des hommes d'État les plus rĂ©formateurs et les plus lucides que la France ait connu depuis la le GĂ©nĂ©ral De Gaulle, il fut Jacques Chaban-Delmas, ce fut l'incomprĂ©hension entre deux caractĂšres, deux personnalitĂ©s, deux maniĂšres d'envisager la leurs façons, ils eurent raison tous les deux. Mais ces deux raisons ne se supportaient Chaban-Delmas ne fut pas pour la Nouvelle SociĂ©tĂ© parce qu'il Ă©tait progressiste et Georges Pompidou contre parce qu'il aurait Ă©tĂ© fonciĂšrement conservateur. Mais l'un ne voyait la politique qu'Ă  travers la sociĂ©tĂ© et l'autre surtout Ă  travers la civilisation qui bouge beaucoup plus lentement. Au fond l'un proclamait en substance que toute politique implique une idĂ©e de la sociĂ©tĂ© tandis que l'autre lui rĂ©pondait que toute politique implique quelque idĂ©e de l'homme ».Mais tous les deux avaient le mĂȘme objectif amĂ©liorer le niveau de vie et la qualitĂ© de vie de tous, sans laisser quiconque de cĂŽtĂ©. Tous les deux Ă©taient attachĂ©s Ă  l'Ă©galitĂ© des chances, Ă  la rĂ©duction des Ă©carts entre les riches et les pauvres, Ă  la sauvegarde de la dignitĂ© de chacun quelle que soit sa Ă©vitĂ© ou ralenti la crise de civilisation si l'on avait poursuivi dans la voie de la Nouvelle SociĂ©tĂ© » ?C'est bien difficile Ă  les deux approches n'Ă©taient pas social de l'un et le solide bon sens de l'autre avaient pu s' fait est que le rendez-vous a Ă©tĂ© temps a fait dĂ©faut Ă  Georges Pompidou pour tirer toutes les consĂ©quences de sa pensĂ©e. En lisant le Nud Gordien, ce livre inachevĂ© qu'il a Ă©crit entre le moment oĂč il quitta Matignon et les Ă©lections prĂ©sidentielles, on se prend Ă  mesurer le temps que nous avons perdu depuis. Je pense en particulier aux pages sur l'autonomie des universitĂ©s, aux rĂ©flexions sur le baccalaurĂ©at ou sur les rapports entre l'Ă©conomie et le le plus important pour Georges Pompidou se situait plus en profondeur Quand on aura, disait-il, dĂ©truit toutes croyances, inculquĂ© le refus de tout ordre social et de toute autoritĂ©, sans rien proposer en Ă©change, rien ne servira, en prĂ©sence d'une humanitĂ© dĂ©sorientĂ©e et livrĂ©e inĂ©luctablement Ă  la domination des forces les plus aveuglĂ©ment brutales, de s'Ă©crier Nous n'avons pas voulu cela ! ».Cet homme dont l'intelligence resta en Ă©veil jusqu'au dernier moment avait pressenti qu'une Ă©poque s'achevait et pas seulement parce qu'il avait essayĂ© de tirer les leçons de Mai 68 ou parce qu'il avait anticipĂ© la crise sentit venir le dĂ©clin des vieilles nations industrielles si elles se laissaient aller Ă  vivre sur leurs acquis et il comprit tout de suite la signification du premier choc comprit aussi avant beaucoup d'autres que dans la partie dĂ©cisive qui allait s'engager la France ne pourrait pas jouer savait que le marxisme avait dĂ©jĂ  Ă©chouĂ©. Mais il ne voulait pas pour autant que la France s'infĂ©odĂąt Ă  quiconque, en particulier aux États-Unis. C'est la raison pour laquelle, tout en tournant le dos Ă  l'antiamĂ©ricanisme qui lui paraissait absurde, il entreprit en mĂȘme temps de faire franchir Ă  l'Europe un pas encore, Ă  cĂŽtĂ© de la question des moyens, c'Ă©tait la question de la civilisation qui Ă©tait pensait que la crise de la civilisation Ă©tait d'abord celle du matĂ©rialisme et qu'entre les deux matĂ©rialismes qui prĂ©tendaient se partager le monde, l'Europe avait son rĂŽle Ă  jouer pour faire prĂ©valoir une autre idĂ©e de l' nouvel humanisme qu'il appelait de ses vux pour conjurer la crise intellectuelle et morale, seule Ă  ses yeux, l'Europe Ă©tait capable de l' acte de foi dans la culture europĂ©enne allait donner Ă  son analyse gĂ©opolitique de la nĂ©cessitĂ© de l'Europe une force qui allait lui permettre de vaincre bien des choix de l'Europe, ce fut celui de l'entrĂ©e de l'Angleterre dans la communautĂ© choix de l'Europe, ce furent les premiers pas de l'Union MonĂ©taire Ă  laquelle Georges Pompidou apporta un soutien dĂ©cisif et qui devait se concrĂ©tiser vingt ans plus fit aussi le choix de la MĂ©diterranĂ©e, vers laquelle toute sa culture l'incitait Ă  tourner ses regards, en poursuivant la politique que le GĂ©nĂ©ral De Gaulle avait engagĂ©e vis-Ă -vis du monde arabe. Il savait que le sort de la France et de l'Europe se jouait aussi sur ses rivages oĂč il s'Ă©tait jouĂ© durant des par delĂ  la MĂ©diterranĂ©e, il tendit la mĂȘme main fraternelle que le fondateur de la Ve RĂ©publique Ă  l'Afrique d'HouphouĂ«t Boigny et de Senghor. Prudence et obstination », Ă©crira Ă  son propos Ă  la une du Monde, Viansson-PontĂ©, le lendemain de sa mort. Prudence et obstination », ce n'Ă©tait pas seulement son caractĂšre, c'Ă©tait la ligne qu'il s'Ă©tait fixĂ©e pour parvenir aux buts qu'il s'Ă©tait avait dit Les peuples faciles Ă  gouverner sont des peuples qui pensent peu ». Il savait que le peuple français est un peuple qui pense beaucoup et qui est donc difficile Ă  croyait Ă  la nĂ©cessitĂ© d'ĂȘtre ferme sans jamais choisir la voie de la brutalitĂ© et de la violence. C'est ce qu'il avait fait en Mai 68 quand son autoritĂ© naturelle permit d'Ă©viter le art de gouverner fut une leçon de politique. Il ne fit pas tout ce qu'il voulait. Il fit plus que la plupart des hommes d'État qui dans l'Histoire voulurent que la France puisse Ă©pouser son temps. Prudence et obstination », certes mais hauteur de vue. Prudence et obstination », assurĂ©ment mais au service d'un grand dessein. Il en eut principaux atouts d'aujourd'hui, et pas seulement le TGV, le nuclĂ©aire, ou Airbus, ont Ă©tĂ© forgĂ©s Ă  cette Ă©poque dans une synthĂšse entre la plus belle tradition rĂ©publicaine, celle du savoir et du mĂ©rite, et la plus profonde volontĂ© rĂ©formatrice. Qu'avons-nous fait depuis 40 ans de cet hĂ©ritage ? Serons-nous capables d'opĂ©rer Ă  nouveau cette synthĂšse fĂ©conde entre tradition et modernitĂ©, entre l'initiative privĂ©e et un État entrepreneur ?Dans son premier message au Parlement, le tout nouveau PrĂ©sident de la RĂ©publique avait dit Face Ă  une contestation purement nĂ©gative, un conservatisme condamnĂ© d'avance Ă  l'Ă©chec, c'est par l'action et le mouvement que peut se construire l'avenir ».Jamais peut-ĂȘtre depuis lors ces mots n'ont de nouveau sonnĂ© aussi avait dit Je veux ĂȘtre un PrĂ©sident qui gouverne ». Il avait gouvernĂ© et rĂ©ussi Ă  succĂ©der au GĂ©nĂ©ral De Gaulle, ce qui paraissait ceux qui avaient prĂ©dit que les institutions de la Ve RĂ©publique ne survivraient pas Ă  leur fondateur, il avait apportĂ© le dĂ©menti de sa tranquille 1959, il avait rĂ©pondu au questionnaire de Proust Quel est votre vertu favorite ?La est votre qualitĂ© prĂ©fĂ©rĂ©e chez l'homme ?La est votre idĂ©e du bonheur ? Au coin du feu le soir auprĂšs d'une Ăąme aimĂ©e ».On lui a fait dire beaucoup de choses qu'il n'avait pas dites. On n'a pas vu tout ce qu'il avait fait pour prĂ©parer l' comprenait la vie parce qu'il l' savait mieux que personne qu'elle n'Ă©tait pas blanche ou noire, qu'elle pouvait ĂȘtre tragique. Mais il avait dĂ©cidĂ© de l'aimer quand mĂȘme et quand pointait le dĂ©sespoir, il y avait toujours la poĂ©sie ou l'Ăąme POMPIDOU aimait profondĂ©ment la France et les Français le lui ont bien rendu ils l'ont respectĂ©, ils l'ont admirĂ©. Et enfin ils l'ont aimĂ© Ă  leur la RĂ©publique !Vive la France ! CINQ ANS, rĂ©alisĂ© par RaphaĂ«lle Baillot et JĂ©rĂŽme Bermyn — France 5 / Bangumi, 2022 135’ Robert Badinter, l’abolitionniste, rĂ©alisĂ© par Romain Icard — France 2 / TohuBohu, 2021 90’, prime La Chute de la maison Balkany – C’était Ă©crit, rĂ©al. FĂ©lix Seger — France 5 / CamĂ©ra Subjective, 2021 90’ François Mitterrand et Anne Pingeot – Fragments d’une passion amoureuse, rĂ©al. par Hugues Nancy — France 5 / Yami2, 2021 90’ Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir, rĂ©al. Hugues Nancy — France 5 / Productions, 2021 Désobéissants ! rĂ©al. d’Alizée Chiappini et Adèle Flaux — Arte / Yami2, 2020 75’ Suzanne, IrĂšne, CĂ©cile, les ministres de Blum, rĂ©al. Maud Guillaumin — France 3 / MarmitaFilms, 2020 52’ sĂ©lection Festival international du film d’histoire de Pessac La RĂ©volution française, comme si vous y Ă©tiez ! rĂ©al. Hugues Nancy et Jacques Malaterre — France 2 / Nilaya Productions, 2020 2×52’ De Gaulle bĂątisseur, rĂ©al. Camille Juza — France 3 / Point du Jour, 2020 90’, prime time. La Face noire du business vert, rĂ©al. Guillaume Pitron et Jean-Louis PĂ©rez — Arte / Grand Angle Productions, 2020 90’ La Bataille de Notre-Dame, rĂ©al. Emilie Lançon — TF1 / Particules Productions, 2019 52’. Ennemis d’Etat – Dans l’oeil des RG, rĂ©al. Olivier Toscer et Damien Vercaemer — France 5 / Grand Angle Productions 3 x 52’ Marcel Marceau – Le pouvoir du silence “Macht der Stille”, rĂ©al. Maurizius Staerkle Drux / Beauvoir Films, GenĂšve, 2020 Neuf femmes aux marches du Palais, rĂ©al. Elisabeth Kapnist — France 5 / Nilaya Productions, 2019 70’ Meilleurs ennemis, rĂ©al. FĂ©lix SĂ©ger et Benjamin Carle — Canal + / L’infinie ComĂ©die, 2019 52’ La MalĂ©diction de la Vologne, rĂ©al. Pierre Hurel — France 3 / Elephant Doc, 2018 180’ Emmanuel Macron le dynamiteur, rĂ©al. David Doukhan — LCI / Particules Productions, 2018 52’. Un jour / une histoire Les PrĂ©sidents et les mĂ©dias, rĂ©al. AgnĂšs Hubschmann — France 2 / Magneto Presse, 2016 120’ Marine Le Pen – C’était Ă©crit, rĂ©al. Yannick Adam de Villiers — France 5 / CamĂ©ra Subjective, 2018 90’ François Fillon – C’était Ă©crit, rĂ©al. FĂ©lix Seger — France 5 / CamĂ©ra Subjective, 2017 90’ Benoit Hamon, rĂ©al. Hugues Nancy — France 3 / Nilaya Productions, 2018 52’ Simone Veil, Albums de famille, rĂ©al. Hugues Nancy — France 3 / Nilaya Productions, 2017 110’ Comment gagner une Ă©lection prĂ©sidentielle vol. 1 ĂȘtre candidat, rĂ©al. FĂ©lix Seger — PlanĂšte + / CamĂ©ra Subjective, 2017 52’ La Solitude du pouvoir, rĂ©al. Jean-Michel Djian — France 3 / Nilaya Productions, 2017 2 x 52’ Un jour / une histoire Les Enfants terribles de la Gauche, rĂ©al. Dominique Fargues — France 2 / Magneto Presse, 2016 120’ Emmanuel Macron, la stratégie du météore, réal. Pierre Hurel — France 3 / Elephant & Cie, 2016 90’ Les 150 ans du Printemps, réal. Barbara Necek — RMC découvertes / Pernel Media 52’ Duel Martine Aubry – Ségolène Royal, réal. Maud Guillaumin — France 5 / Elephant & Cie 52’ Du côté des vivants – Charlie Hebdo, réal. David André — France 2 / Brother Films, 2015 52’ Revolvers Vincent Lindon réal. Thierry Demaizière et Alban Teurlai — Coll° Empreintes, France 5 — Falabracks, 2015 52’ Le Sexisme en politique, réal. Stéphanie Kaim — France 5 / Elephant Doc, 201 Duel Leclerc-Fournier l’hyperduel, réal. Philippe Allante — France 5 / Nilaya, 2014 52’ Duel Giscard-Chirac incompatibles, réal. Pierre Hurel — France 5 / Elephant, 2014 52’ Paris 2014 – les Municipales, réal. Nicolas Glimois — Canal + / BrotherFilms, 2014 90â€Č,prime time Dans l’Ɠil du corbeau, réal. Pierre Chassagnieux — Planète + / Nilaya Production, 2014 52’ Le Clan Chirac une famille au coeur du pouvoir, réal. Pierre Hurel — France 3 / Elephant & Cie, 2013 90’ prime time Recherches additionnelles Un jour / une histoire Les Ambitieux vol I et II, François Hollande et Nicolas Sarkozy, réal. Dominique Fargues — France 2 / Magneto Presse, 2013-2014 Un jour / un destin Bernadette Chirac, Françoise Sagan, Joe Dassin, Jean Marie-France Pisier, Françoise Giroud, Rachida Dati, Jean Ferrat, Bernard Blier / Magneto Presse, 2012-2017 8 x 90’ Claude et Georges Pompidou l’amour au coeur du pouvoir, réal. Pierre Hurel — France 3 / Eléphant & Cie, 2011 90’ prime time Jack Lang, réal. David André — Coll° Empreintes / France 5 — Eléphant & Cie, 2010 52’ Robert Luchini, dit Fabrice, réal. Thierry Demaizière et Alban Teurlai — Coll° Empreintes / France 5 — Eléphant & Cie, 2009 52’ Thuram, réal. Thierry Demaizière et Alban Teurlai / Canal + — Eléphant & Cie, 2009 80â€Č Recherche sur la colonisation, les grands figures de la cause noire, le racisme / Négociation FIFA, UEFA, Sportfive
 Chanel Paris-Moscou, fiction réalisée par Karl Lagerfeld et Alban Teurlai / Same P 12’ Karl Lagerfeld, un roi seul, réal. Thierry Demaizière et Alban Teurlai — Coll° Empreintes / France 5 — Eléphant & Cie, 2008 52’ En mai 1832 paraĂźt Indiana, d’un certain George Sand, roman de mƓurs tourmentĂ© qui fait Ă©tat de la triste condition de la femme, d’abord fille de », puis Ă©pouse de », et enfin maĂźtresse, toujours engeĂŽlĂ©e par des pĂšres tyranniques, des Ă©poux indiffĂ©rents et violents, et des Don Juan de pacotille qui ravalent prĂ©cipitamment leurs promesses sitĂŽt leur proie sĂ©duite. Mais les hommes ne se contentent pas d’y dominer les femmes, puisqu’ils s’écrasent entre eux, condamnant les plus dĂ©sintĂ©ressĂ©s et les moins flamboyants Ă  une existence tout aussi spectrale. “La solitude est bonne, et les hommes ne valent pas un regret.” George Sand, Indiana George Sand en 1835, par Charles-Louis Gratia Ces grands sacrifiĂ©s sont Indiana et Ralph, dont les destins Ă©meuvent immĂ©diatement la critique parisienne le 31 mai, on peut lire dans le Figaro Toutes les Ă©motions douces et vraies, tout l’intĂ©rĂȘt haletant d’un rĂ©cit bien fait et bien conduit, toute la vivacitĂ© d’impressions jeunes et senties, tout ce qui fait un livre qui parle Ă  l’ñme et au cƓur, vous le trouverez dans ce livre en deux volumes qui a pour titre Indiana ». En novembre de la mĂȘme annĂ©e, Gustave Planche, critique Ă  la Revue des Deux Mondes, lui dĂ©die des articles enthousiastes Ă  l’occasion de la publication de Valentine et en prĂ©sente l’auteur au directeur François Buloz, qui lui assure des rentes en Ă©change d’une contribution rĂ©guliĂšre Ă  la Revue. Sa situation financiĂšre ainsi stabilisĂ©e et sa crĂ©dibilitĂ© littĂ©raire assise, Aurore Dupin, alias George Sand, peut s’éloigner de Casimir Dudevant, son Ă©poux violent, ivrogne et infidĂšle qui avait inspirĂ© l’ignoble mari d’Indiana. L’annĂ©e suivante, Buloz lui prĂ©sente Alfred de Musset lors d’un dĂźner organisĂ© en l’honneur des collaborateurs de la Revue. Le poĂšte s’éprend immĂ©diatement de cette lettrĂ©e excentrique de 28 ans, qui se travestit en homme, porte le melon, fume le cigare et met un point d’honneur Ă  scandaliser les bonnes gens. Commence alors l’idylle dĂ©rĂ©glĂ©e qui donnera naissance aux Lettres d’un voyageur et Ă  Elle et lui de Sand, Ă  la Confession d’un enfant du siĂšcle, On ne badine pas avec l’amour et Lorenzaccio de Musset. “Mieux vaut souffrir le mal que de le rendre.” George Sand, François le Champi George Sand et Musset par CĂ©lestin Nanteuil Les amants partent en Italie, s’arrĂȘtent Ă  Venise ; George Sand souffre de fiĂšvres violentes, et au lieu de rester Ă  son chevet, Musset va s’encanailler toutes les nuits dans les bals et les bordels ; rĂ©tablie et furieuse de ses incartades, Sand lui claque la porte au nez ; puis il tombe malade Ă  son tour, et Sand, oubliant son amertume, prend soin de lui. Elle appelle un jeune mĂ©decin Ă  la rescousse, Pietro Pagello, et un triangle amoureux infernal s’instaure quand Sand et Pagello, au chevet de Musset, s’éprennent l’un de l’autre. GuĂ©ri, Musset tourne dignement les talons pour rentrer Ă  Paris. Mais, apprenant plus tard que Sand est revenue Ă  son tour, le poĂšte cĂšde Ă  ses remords et obtient de la revoir. L’entrevue, Ă©plorĂ©e et dramatique, fait naĂźtre chez Sand des pensĂ©es suicidaires ; les anciens amants se sĂ©parent par dĂ©sir de s’épargner mutuellement, mais en octobre 1834, puisque Musset ne cesse d’envoyer des lettres passionnĂ©es Ă  Sand, ils se retrouvent. Pagello, blessĂ©, repart en Italie. LĂ , leur liaison devient destructrice, faite de disputes violentes, de reproches, de cruautĂ©s, et, incapable de supporter un tel quotidien, Musset quitte Sand un mois plus tard. Je me dis seulement À cette heure, en ce lieu, Un jour, je fus aimĂ©, j’aimais, elle Ă©tait belle. J’enfouis ce trĂ©sor dans mon Ăąme immortelle, Et je l’emporte Ă  Dieu ! » Musset, Souvenir George Sand habillĂ©e en homme » 1834, EugĂšne Delacroix DĂ©vastĂ©e, Sand s’abĂźme dans la mĂ©lancolie. EugĂšne Delacroix, que Buloz lui a prĂ©sentĂ© Ă  la fin de novembre 1834 et qui restera son ami fidĂšle tout au long de sa vie, peint d’elle un portrait dĂ©chirant ci-contre, qui la montre les cheveux courts, le teint blafard et le regard erratique aprĂšs sa rupture avec le poĂšte de douleur, elle a coupĂ© ses longs cheveux noirs et les a envoyĂ©s Ă  Musset, en gage d’amour. Musset, bouleversĂ© par la rĂ©ception du colis, accourt et leur liaison reprend, toujours aussi chaotique, jusqu’à la rupture dĂ©finitive du 6 mars 1835. Le 9 avril, Sand dĂ©cide de s’affranchir dĂ©finitivement de son mari et rencontre Michel de Bourges, cĂ©lĂšbre avocat, afin d’entreprendre des procĂ©dures judiciaires. Or l’avocat, qui vient de lire LĂ©lia, paru dans la Revue des Deux Mondes Ă  la suite d’Indiana et Valentine, Ă©tait en quelque sorte tombĂ© amoureux d’elle par contumace, et lui fait une cour assidue en dĂ©clamant, toute une nuit durant, la plaidoirie qu’il a Ă©crite pour elle. Le stratagĂšme est un succĂšs, et ils deviennent amants jusqu’en juin 1837 ; mais Michel de Bourges est mariĂ©, et ne se sĂ©parera pas de sa femme malgrĂ© de nombreuses promesses faites Ă  Sand. Cette derniĂšre, lassĂ©e, le quitte, non sans lui avoir dĂ©diĂ© le personnage Ă©ponyme du roman Simon. Reproduction d’un tableau dĂ©truit d’EugĂšne Delacroix, reprĂ©sentant George Sand avec Chopin Elle aura une autre liaison fameuse, avec FrĂ©dĂ©ric Chopin, de 1838 Ă  1848. Le compositeur, d’un tempĂ©rament assez tyrannique qui ne fait pas bon mĂ©nage avec le fĂ©minisme de Sand, s’aliĂšne les deux enfants de l’écrivaine, Maurice et Solange issus de son mariage avec Dudevant. Solange, suite Ă  une dispute avec sa mĂšre, se venge en calomniant George Sand auprĂšs de Chopin, que sa paranoĂŻa fait sauter Ă  pieds joints dans le piĂšge. La rupture, qui clĂŽt dix ans de relation, est violente. La rĂ©volution de 1848 rĂ©jouit Sand au plus haut point, puis elle va de dĂ©sillusion en dĂ©sillusion jusqu’à cesser ses engagements militants. Rendue amĂšre par l’échec de la rĂ©volution, elle ne revient sur la scĂšne politique qu’aprĂšs le coup d’État du 2 dĂ©cembre 1851 afin de venir en aide aux prisonniers politiques et aux exilĂ©s. Elle plaide notamment en vain pour la grĂące de Victor Hugo, avec lequel elle correspond depuis quinze ans, et la presse censure ses Ă©crits. Cette pĂ©riode, pour elle, amĂšne malheur sur malheur et deuil sur deuil outre sa rupture avec Chopin, elle est en mauvais termes avec sa fille, puis subit la perte de sa petite-fille morte en bas-Ăąge, de sa grande amie Marie Dorval et enfin de Chopin lui-mĂȘme en 1849. Je pleure une morte, je salue une immortelle. » Alors qu’elle sombre dans la mĂ©lancolie, son fils Maurice lui prĂ©sente son ami Alexandre Manceau. MalgrĂ© les 23 ans qui les sĂ©parent, ils deviennent amants. Il s’agit de la premiĂšre liaison apaisĂ©e de Sand, qui durera jusqu’à la mort de Manceau en 1865. Durant ces 15 ans, Sand est extraordinairement prolifique, puisqu’elle publie prĂšs de 50 ouvrages romanesques et théùtraux. Dans les derniĂšres annĂ©es de sa vie, seule femme d’importance du milieu littĂ©raire parisien, elle rencontre Flaubert qui lui voue une grande admiration, frĂ©quente Sainte-Beuve, Taine, les frĂšres Goncourt, Ernest Renan et ThĂ©ophile Gautier, puis refuse la LĂ©gion d’Honneur. Elle meurt le 8 juin 1876 Ă  Nohant, le chĂąteau de son enfance. Le jour mĂȘme, Victor Hugo dĂ©clare Je pleure une morte, je salue une immortelle ». Plus sobrement, Flaubert confesse J’ai pleurĂ© comme un veau ». George Sand fut contributrice de la Revue des Deux Mondes pendant plus de quarante ans, de 1833 Ă  sa mort. Elle y publia notamment, en feuilleton, les piĂšces Gabriel et Le Drac, les romans Mademoiselle la Quintinie et Francia. En octobre 1952, la Revue publiait, entre autres nombreux hommages, sa correspondance avec l’actrice Marie Dorval. Tous ces textes, ainsi que le reste des Ɠuvres de George Sand, sont disponibles gratuitement dans les archives de la Revue.

claude et georges pompidou l amour au coeur du pouvoir